Une vrai mauvaise habitude
Je croyais avoir réglé cette mauvaise habitude.
Oui, dans mes relations professionnelles — ou presque.
Cette habitude (sale habitude, dirait ma grand-mère) je la repère chez les autres et chez mes clientes.
Je connais ce fonctionnement. Je la déconstruis durant mes ateliers.
Et pourtant… elle revient, sournoise, dès que je rentre à la maison pour redevenir Maman!
Là, je continue à m’excuser pour des riens: les pâtes trop cuites, le ciel gris, la mauvaise humeur d’un proche.
Je m’excuse d’avoir oublié, d’avoir fait trop vite, de ne pas avoir pensé à …
Un soir, alors que ma fille fêtait ses 23 ans, elle a posé un vase sur la table.
« Maman, à chaque fois que tu t’excuses pour un truc idiot, tu me dois deux francs. »
Aujourd’hui le vase est plein de pièces.
Et, quelque part, il a aussi rempli ma conscience : ce réflexe est plus profond que je ne le pensais et énormément difficile à s’en débarrasser.
Ce qu’on s’inflige sans s’en rendre compte
S’excuser trop, c’est rarement de la politesse.
C’est anticiper le mal-être de l’autre.
C’est de la sur-attention.
C’est aussi une technique pour éviter le risque de déplaire…
En fait, on s’excuse très vite pour ne pas être mal jugée.
Pour ma part, c’est la peur d’etre une mauvaise mère (déjà que je travaille beaucoup et que j’aime ça!)
A toi de choisir l’injonction qui t’as bercée :
- sois parfaite,
- sois discrète,
- sois au service,
- ne fait pas de bruit,
- fais plaisir,
- dépêche-toi.
- etc.
C’est très clair que si on ne fait pas attention et qu’on laisse partir l’algorithme automatique réflexif ….
– On minimise nos succès.
– On atténue nos phrases.
– On se justifie pour des choses qui ne dépendent pas de nous.
Voici des exemples courants:
- Le projecteur ne marche pas ? « Désolée, le projecteur ne fonctionne pas. »
- Un collègue est absent ? « Désolée, il n’est pas là aujourd’hui. »
- Un projet a pris du retard ? « Désolée pour le délai. »
- Il pleut ? «Je suis désolée il pelut.»
Chaque “désolée” semble envoyer un signal silencieux : Fais-toi petite, estime toi heureuse d’être acceptée ici.
Et à force, on y croit.
Ce que les expertes nous disent
Brené Brown, chercheuse sur la vulnérabilité, explique que derrière ce réflexe de s’excuser régulièrement se cache la peur :
la peur de déranger, de décevoir, de ne pas être à la hauteur.
“We hustle for our worthiness.” (Nous courons après notre valeur.)
Chaque excuse devient une tentative de se faire pardonner avant même qu’on nous reproche quoi que ce soit.
Mais la vulnérabilité, dit-elle, n’est pas une faiblesse :
“It’s our greatest measure of courage.” (C’est la plus grande preuve de courage.)
Sally Helgesen et Marshall Goldsmith, dans How Women Rise, parlent d’habitudes d’auto-limitation.
Ces comportements – s’excuser, minimiser, se justifier – semblent bienveillants, mais ils nous freinent.
“What got you here won’t get you there.” (Ce qui t’a menée ici ne t’emmènera pas plus loin.)
Tara Mohr, dans Jouer plus grand, invite les femmes à réfléchir avant de s’excuser :
“Est-ce vraiment nécessaire ?”
Car chaque excuse inutile érode un peu notre légitimité, même quand l’intention est bonne.
Changer le disque
Se libérer de ce réflexe ne se fait pas en un jour. Mais chaque prise de conscience compte.
–> 1. Repérer le réflexe.
Attraper le “désolée” au vol. Sourire. Le transformer.
“Le projecteur ne fonctionne pas — on va s’adapter.”
–> 2. Remplacer l’excuse par autre chose.
“Merci de ta patience.”
“Je vois que le projecteur ne fonctionne pas.”
–> 3. Dire les faits sans se juger.
“Le rapport n’est pas prêt, il le sera demain.”
Simple. Clair. Responsable.
–> 4. Assumer sa vulnérabilité sans s’en excuser.
“J’ai fait de mon mieux. Et c’est déjà bien.”
As tu besoin de motivation pour changer?
Chaque fois qu’une femme s’excuse pour une broutille, souvent et, sans le vouloir, elle apprend à la suivante à se « rétrécir » un peu plus.
Arrêter de s’excuser, ce n’est pas devenir arrogante.
C’est reconnaître sa valeur sans justification.
C’est de dire :
Je peux être douce et forte.
Imperfectible et légitime.
Présente sans permission.
La prochaine fois qu’un “désolée” te monte aux lèvres, respire.
Et dis-toi simplement : “C’est comme ça et c’est OK. ».
Changer une habitude nest pas facile. Engage toi avec une collègue pour arrêter ce truc.
Ce faisant vous ferrez du bien à toutes les femmes!
Ressources pour approfondir
N’hésite pas à prendre le temps de lire ou de relire ces ouvrages pour retrouver de l’élan
Brené Brown — Le pouvoir de la vulnérabilité (Daring Greatly, 2012): Comprendre la honte, la peur du jugement et la force du courage émotionnel.
Tara Mohr — Jouer plus grand (Playing Big, 2015): Oser prendre sa place sans s’excuser, ni minimiser son impact.
Sally Helgesen & Marshall Goldsmith — How Women Rise (2018): Les 12 habitudes inconscientes qui freinent les femmes dans leur progression.
Rachel Hollis — Arrête de t’excuser, mon amie ! (Girl, Stop Apologizing, 2019): Une approche directe et décomplexée pour assumer ses ambitions.







