Ce que ces footballeuses m’ont appris sur le leadership féminin

Franchement, le foot ne m’intéresse pas du tout.Oui, OK,  je ris  quand ‘entends mon mari et mes ados hurler face à des buts ou des ratées.  Mais moi et le foot, aucune chimie. L’autre soir, je suis tombée par hasard le huitième de finale « Suisse – Finlande » alors que mon mari est allé lire son bouquin au lit.

Figure-toi que je suis restée devant cet écran !

À observer car je percevais quelque chose de plus … À travers l’écran, je pouvais sentir de la solidarité en action, je voyais une intention, de la vision et aussi de la maîtrise dans l’effort, de la justesse dans la réaction. Et elles ont remporté le match, leur donnant accès pour la première fois à la marche supérieure. 

J’ai vu leur joie et le plaisir de l’effort récompensé. Et je me suis surprise à être heureuse pour elles surtout en découvrant qu’elles accédaient à la marche supérieure des quarts de finale pour la première fois.

Je ne voulais donc pas rater le quart de finale contre l’Espagne.

Mon mari me disait qu’elles allaient prendre des buts dans la figure, comme les autres équipes avant elles (la Belgique, le Portugal, …) .Je lui ai suggéré de rester malgré tout, en expliquant que je trouvais ce foot bien différent de ceux des mecs… Moi je savais que j’allais regarder  au-delà du foot. L’attitude de la coach, l’audace des jeunes joueuses, le calme des vétérantes dans leurs prises de risque et d’exemplarité, la volonté de défendre son poste. 

OK c’est peut-être mes filtres de coach en leadership au féminin qui m’ont joué des tours.

En tout cas, j’étais très très fière de ce que je voyais pour moi et pour toutes les femmes.  Je voyais du leadership en mouvement, bien au-delà du score. La joie des joueuses espagnoles m’a touché aussi. Les Suissesses pouvaient être fiers de leur performance aussi.  L’authenticité de la commentatrice en décrivant la joie espagnole.

Je ne connaissais pas l’histoire de l’équipe espagnole, sauf le coup du baiser forcé suite à la victoire de la coupe du monde. Les allusions du commentatrice ont aiguisé ma curiosité.

Et en creusant, je découvre que les joueuses espagnoles sont celles qui

– en 2015, ont collectivement exigé la démission de leur sélectionneur Ignacio Quereda, en poste depuis 27 ans, dénonçant des méthodes dépassées, du favoritisme et un profond manque de respect. Un homme que beaucoup considéraient comme intouchable, malgré son incompétence notoire.

– en 2022, ont refusé d’être sélectionnées tant que Jorge Vilda, successeur tout aussi contesté, resterait en poste. Elles dénonçaient un management autoritaire, infantilisant, et un climat de peur permanent. Quinze joueuses ont posé un acte fort : dire non, en bloc, au système.


– en 2023, ont soutenu publiquement Jenni Hermoso après le baiser imposé par le président de la Fédération, Luis Rubiales, en pleine cérémonie officielle. Malgré les pressions, elles ont tenu bon. Résultat : Rubiales a été contraint de démissionner, et le sélectionneur a été remercié.

Ce n’est pas juste une série de scandales. C’est une révolution menée par des femmes qui ont appris à se faire respecter là où tout le monde les poussait à se taire.

Ce que je vois là, ce sont des compétences trop souvent sous-estimées :

  • Une vision claire de ce qui doit être
  • la collaboration vraie, où l’on construit ensemble sans s’effacer,
  • la capacité à agir dans un système sans s’y perdre,
  • la remise en cause de soi au service d’un cap collectif,
  • et ce courage tranquille de dire non, sans fracas, mais sans compromis.

Ce leadership-là, je le vois chez tant de femmes que j’accompagne. Et il mérite d’être reconnu pour ce qu’il est : lucide, stratégique, profondément éthique. Ce que j’ai vu dans ces matchs, c’est bien plus que le jeu de foot. C’est une invitation à reconsidérer la manière dont on exerce notre influence.

Et sache encore que …

L’Espagne ne brille pas que sur le terrain : elle est aussi 10ᵉ au Global Gender Gap (WEF), 4ᵉ sur l’égalité de genre (EIGE), et 2ᵉ au Glass Ceiling Index (The Economist). Bien devant la Suisse ou la Belgique. Une cohérence entre

Ce que les femmes exigent en foot, et ce que leur pays construit structurellement.

IndiceEspagneFranceBelgiqueSuisse
Global Gender Gap (WEF)0,797 –  10ᵉ place0,781 – 22ᵉ≈ 0,793 – 14ᵉ  hors top 10
Gender Equality Index (UE)76,4/100 –  4ᵉ place
Glass‑Ceiling Index (OCDE)2ᵉ en Europe (2025)1ᵉʳ≈ 3ᵉparmi les pires

Bon, t’es prête à suivre leur exemple?

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