L’abondance est un piège !


Tout est plutôt calme. Tu respires. On ralentit. C’est la période des vacances.

Et certaines intentions remontent :
« Allez, c’est le bon moment. Je vais enfin rédiger cette doc, relancer ce projet, monter cette campagne. » Ou bien : « Je vais me remettre à courir, nager, chanter… »
Mais au moment de te lancer, tu te projettes et, blocage!


Dès la première seconde : quelle app ? Quelle méthode ? Quel support ? Quelle voix écouter ? Quelle tenue ?


Trop d’options. Trop d’avis. Trop d’outils. Et sous ce trop-plein, ce doute qui pique : et si moi, je n’étais pas assez bien, assez capable d’entamer ce projet ?


Moi aussi ça m’arrive. Trois onglets ouverts, un peu de scroll, un template que j’hésite à reprendre… tempête mentale, tout se bouscule. Et déjà un sentiment de fatigue avant d’avoir commencé.
Ce n’est pas le manque qui nous arrête ; c’est l’excès non filtré.

Certaines abondances élèvent. D’autres dispersent.

Dans cet article, je fais référence aux trois dernières sortes d’abondance.

Tu l’as déjà vécu. Ce n’est pas le manque qui freine, c’est l’excès.La question devient alors : comment choisir, ici et maintenant, sans se perdre ?


Le discernement est une capacité qui aide à ne pas hésiter indéfiniment. C’est savoir consciemment poser un filtre avant de s’élancer. Trois repères suffisent pour clarifier sans s’enliser :

  1. Le contexte (où je suis) : qu’est-ce qui est réellement pertinent dans cette scène précise ? (pas en général, pas demain, juste ici et maintenant)
  2. Le cycle (quand je suis) : suis-je dans une phase d’exploration, de production, ou de récupération ? (notre niveau énergétique intérieur influence beaucoup notre ne choix)
  3. Les moyens présents (avec quoi je suis) : qu’est-ce que j’ai déjà sous la main qui permet un pas possible aujourd’hui ?


Le discernement incarne cette écologie de l’attention bien au-delà de l’abstraction morale.


Quand tout ce qui se présente à toi retient ton ATTENTION, reviens à ton INTENTION. La nuance est subtile. Nommer ce que tu veux honorer aujourd’hui change la qualité de ton choix.

Réponds ces deux affirmations :


• Ce que je veux servir aujourd’hui : une idée, une personne, une valeur, une promesse.

• Ce que je refuse de sacrifier : intégrité, santé, présence, temps long.

Ta boussole intérieure ne crie pas plus fort que le monde ; elle oriente mieux, en te permettant d’en faire moins, mais d’une manière plus juste, plus alignée.

Le trio P.B.E.

On croit que bien choisir c’est trouver la meilleure option dans une montagne de possibilités. Or pas du tout ! Si tu crois cela, tu vas tomber dans le syndrome de « analyse-paralyse ». Non, choisir consiste à faire un pas et à l’assumer.


Voici un modèle hyper concret pour décider sur le moment :

–> Un pas : quelle est l’action minimale viable qui va faire bouger le réel en 30–60 minutes ?

–> Une borne : jusqu’où j’accepte de donner pour réaliser ce pas (temps, énergie, image) ? (borne = limite de sécurité)

–> Une échéance : quand est-ce que j’arrête de choisir pour commencer ? (ex. dans 10 min j’ai choisi)

Ce trio P.B.E. (pas / borne / échéance) coupe le chant des sirènes de l’abondance et te ramène au présent.


Les 3 filtres de décision

Encore une fois, et j’insiste, quand tu te retrouves face à trop d’options, ne cherche pas à tout passer au peigne fin. Prends un crayon et filtre avec ton ventre et ton intuition – donc rapidement- en utilisant ces trois questions binaires (oui, non):

–> Est-ce aligné avec ce que je veux vraiment et qui fait du sens?
Pas ce que je crois qu’on attend de moi. Pas ce que je pense que je devrais faire. Ce que moi , mon rôle, ma fonction veux mettre au centre cette saison / de ce cycle.

–> Est-ce que j’ai envie d’y mettre mon énergie maintenant ?
L’enthousiasme n’est pas une ressource infinie. Si c’est « oui » mais pas maintenant, alors note-le, mais ne balance pas l’option.

–> Est-ce que ça déplace vraiment quelque chose d’important ?
Un petit pas dans la bonne direction vaut mieux qu’un sprint dans le vide!
Ces filtres ne t’apportent pas la certitude. Ils t’offrent de la clarté. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour commencer.


La règle du “suffisamment bien” (good enough)

Herbert Simon appelait ça le  » s a t i s f i c i n g  » intraduisible, verbe qui decrit que ca satisfait, que c’est OK. Choisir une option qui est “assez bien” au lieu de trouver la perfection provoque du satisficing!
Pourquoi ? Parce que plus tu veux optimiser chaque paramètre, plus tu te prends la tête, plus tu grille de la bande passante cerveau exécutif, et plus tu repousses la décision et plus ton énergie s’écoule dans les détails.


Un choix suffisamment bien ou bon est :
• conforme à tes valeurs,
• faisable avec tes ressources actuelles,
• et pas irréversible si tu dois ajuster et ce sera sans doute le cas! (Lire mon article sur le modèle Cynefin)
Tu gagnes en rapidité. Tu réduis la fatigue mentale. Et tu avances. Yes 💪!


💡 Technique bonus: ne garde que 3 options

Howard Moskowitz, célèbre pour ses travaux sur la diversité des goûts, rappelle que face à un éventail énorme, limiter volontairement ton choix à trois options te permet de décider plus vite et avec plus de satisfaction. Trop de variété brouille la perception. Trois options, c’est assez pour sentir qu’on a choisi sans se noyer.

Et trois, c’est le chiffre magique pour tout se rappeler 😂!

Regarde aussi le TED talk de Malcolm Gladwell sur le choix, ou celui de Barry Schwartz sur le choix, je sais que tu vas rire !

Alors quid pour toi ?

Tu as compris, bien décider n’implique pas de tout avoir analysé sans faute.

Faire un choix éclairé dans l’abondance des options proposées appelle à la notion d’intention et de cadrage. Car, comme l’explique brillamment  Eva Illouz  dans son récent ouvrage « Explosive modernité », chapitre 1, notre société est bâtie sur l’émotion de la déception! Rien que ça!

Donc, tu peux bien tenter d’évaluer toutes les options, tu n’en tireras pas la satisfaction recherchée. En revanche, quand tu élimines les options qui ne comptent pas, tu choisis celles qui répondent au besoin de la situation présente, et qui méritent ton temps et ton énergie maintenant. Parce que c’est toi la boss !


En t’entraienant à appliquer la règle du “suffisamment bien” conjugué à la limitation volontaire à trois options, tu verras ton espace mental se dégager, ta charge mentale s’alleger. Choisir redevient un mouvement, plus un blocage. Oui, assez bien, c’est bien assez.


Que vas-tu choisir cette semaine ?🙂