L’abondance, un piège?

C’est l’été. Tu respires. On ralentit toutes un peu. Et certaines intentions remontent à la surface.
Tu te dis :

« Allez, c’est le bon moment. Je vais enfin me poser sur ce projet, relancer cette idée, écrire, clarifier, créer. »
Ou alors : « Je vais enfin prendre le temps de courir, nager, chanter… »

Mais avant même de t’y mettre — poser les mains sur le clavier, lacer les baskets, choisir une page blanche ou une piste — blocage.
Pas un blocage de paresse ou d’indécision.
Un blocage de trop-plein.

Dès la première seconde, tout semble déjà saturé.
Quelle app ? Quel modèle ? Quelle méthode ? Quel support ? Quelle voix écouter ? Trop d’options. Trop d’avis. Trop d’outils. Trop de stimuli.

Et sous ce trop-plein… une drôle de sensation : Et si, je n’étais pas assez ?

Moi aussi, ça m’arrive de me dire ça.
Je tourne autour de l’idée. J’ouvre trois onglets. Je scrolle un peu. Je me demande si je devrais reprendre tel template, relire tel article, affiner encore.
Et tout à coup… je suis déjà épuisée. Sans rien avoir produit.
Assaillie par une saturation invisible, une surcharge silencieuse — qui a tout à voir avec l’abondance. Mais pas n’importe laquelle.


Certaines formes d’abondance nous élèvent. D’autres nous dispersent.

Type d’abondanceOrigineEffet principalExemple
🌿 SpirituelleRessources internes, reliance au vivantApaisante, ancranteGratitude, méditation
💰 MatérielleConfort, consommationAmbivalente : utile ou aliénanteObjets, revenus
🧠 CognitiveFlux d’infos, sollicitationsÉpuisante, désorientanteNotifications, injonctions
🧱 StructurelleMultiplication des optionsDélayante, énergivoreOutils, projets internes

Tu l’as sans doute déjà vécu : ce n’est pas le manque qui bloque, c’est l’excès non filtré.


Je travaille avec des femmes brillantes, curieuses, créatives. Elles ne manquent ni d’idées, ni de talent, ni de vision. Mais parfois, leur énergie s’étiole. Pas parce qu’elles s’y prennent mal.
Mais parce que le système autour d’elles ne répond plus comme avant.

Je pense à une cliente récemment. Elle conçoit un module e-learning de haute qualité pour son entreprise. Tout y est : rigueur, pédagogie, clarté.
Lancement propre, feedbacks positifs. Et pourtant, une déception tenace. Rien de visible. Peu de retours. Une impression de vide.

Ce n’est pas un problème de compétence. C’est une illusion de rendement.

On a intégré un schéma implicite :

« Si je donne tout, si je m’investis à fond,
alors ça portera ses fruits. Et je serai contente. »

Mais dans un monde saturé de messages, même les meilleures idées peuvent passer inaperçues.
Et quand l’investissement est fort, la chute émotionnelle est brutale.


Ce que cette cliente traverse, Andrew Huberman l’explique très bien.
Quand tu te projettes dans un objectif, ton cerveau active le système dopaminergique.
Tu te stimules toi-même — par anticipation.
Mais si le résultat n’est pas à la hauteur, la dopamine chute. Parfois sous le niveau de base.
Résultat : fatigue, démotivation, absurdité. Tu ne l’as pas créé. C’est une réaction, un mécanisme neurobiologique.


Tu ne peux pas revenir à un monde simple.
Mais tu peux refuser de courir encore après une promesse abstraite d’abondance éternelle. Tu peux penser autrement.

  • Ne plus espérer un retour immédiat et proportionnel à chaque effort.
  • Accepter que certains projets restent invisibles sans les juger inutiles.
  • Choisir dans l’abondance, avec discernement.
  • Mettre ton énergie là où elle te renforce, pas seulement là où ça se voit.

Gérer sa dopamine, c’est possible ?

Oui, tu peux réduire la chute en t’entraînant à savourer le chemin.

Voici quelques gestes simples pour ré-entraîner ton système de récompense :

  • Trouver du plaisir pendant l’action, pas seulement à la fin.
  • Éviter les shoots faciles et fréquents (sucre, likes, validations rapides).
  • Nourrir des plaisirs plus profonds : mouvement, silence, création libre, sommeil, nature.

Cela ne changera pas le monde. Mais cela change ton rapport à l’élan.
Et ça, c’est déjà une forme d’abondance plus saine.


Avant de te lancer dans un projet ou une relance, prends un moment. Pas pour douter. Pour sentir. Voici par exemple les questions que je je me pose : quelques questions utiles :

  1. Qu’est-ce que j’espère recevoir en retour, consciemment ou non ?
    (Amour, reconnaissance, résultats, visibilité, joie, argent ?)
  2. Et si ça ne vient pas… qu’est-ce que je fais ?
    (Est-ce que j’arrête ? Je me décourage ? Je continue ?)
  3. Qu’est-ce que ce projet me donne déjà, ici et maintenant ?
    (Est-ce qu’il me nourrit, me relie, m’apaise, m’élargit ?)
  4. Et si je devais nommer la forme d’abondance que je cherche… ce serait quoi ? (Du calme ? De la puissance ? Du sens ? De la liberté ?)

Pas besoin de tout résoudre. Juste de clarifier.


En te posant ces questions, surveille quelques pièges courants :

  • « Il faut que je le fasse, sinon je perds le fil. » → Un devoir n’est pas toujours un désir.
  • « Si je ne le fais pas maintenant, je vais rater ma chance. » → L’urgence n’est pas une preuve d’évidence.
  • « Les autres font mieux / plus vite. » → La comparaison est un voleur de joie.
  • « J’ai déjà trop investi, je ne peux pas reculer. » → Parfois, lâcher, c’est avancer.
  • « Ce sera bon pour mon image. »→ Et pour ta santé ? Ton feu intérieur ? Ton intégrité ?

C’est ce dont j’avais besoin de me rappeler.

Alors je te le partage — si jamais ça t’aide, toi aussi, à remettre un peu de calme dans ce que tu veux offrir au monde. Inspirée pour prendre une coach? Fonce!😊

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